Rouler dans la pénombre ne me fait pas peur,
Au contraire, c’est comme pédaler en apesanteur.
Insouciante, je ne pense pas qu’il puisse m’arriver un accident
Qu’un autre puisse me rentre dedans.
Je n’avais pas réalisé qu’en mettant le phare rouge devant
Plutôt que derrière
Que cela pouvait donner l’impression
Que je m’en venais à reculons!
Non seulement, je ne vois rien,
Mais je suis dans ma tête.
Je pense à ce que je suis et ne suis pas
À ce que j’étais et à ce que je voudrais être
Je pense à ce que j’aimerais te dire
Bien que ce ne te soit pas personnellement destiné.
Je pense au mal que je me fais peut-être en étant seulement bien,
Je pense à ce «mauvais œil» que je me suis créé
Pour expliquer, justifier, légitimer,
Mes désirs contradictoires.
Je roule pour fuir mon quotidien et mon sommeil
Je roule pour avoir l’impression d’avancer
Je roule pour garder mes mains, mes jambes, mon cœur occupés
Je roule pour m’éviter
Je ne roule plus, je déboule dans la nuit, dans la ville
Je fonds dans l’obscurité,
Je m’oublie
Mais je ne t’oublie malheureusement pas
Qui que tu sois.
M.B.