Étant parmi les plus légère du groupe, il me choisit comme partenaire. J’étais déjà montée sur ses épaules de cette façon pour atteindre une palissade et descendre un semblant d’échelle de l’autre côté. Toutefois, cette fois, il n’y avait pas de marche, il me fallait sauter pour atteindre un poteau de pompier. Pas question! Je restai figée, recroquevillée au sommet de la palissade. Il m’encouragea, les autres, aussi. Je pris une grande inspiration, me dépliai trop vite et me cognait la tête sur la poutre horizontale qui maintenait le poteau. Étourdie, je me vis tomber au ralenti, une brève éternité qui s’acheva par un choc brutal sur le sol trois mètres plus bas. Je me frappai encore, sur la palissade puis sur le sol, mon cerveau percutant l’intérieur de mon crâne. Je restai couchée, sonnée. Il accourut à mon secours, me demandant de ne pas bouger. Je ne me sentais pas bien, j’avais la tête qui tournait, je voyais des étoiles, mais mon cœur battait plus vite à l’idée qu’il allait prendre soin de moi. C’était absurde, mais j’aimais cet homme qui aurait pu être mon père. Je fermais les yeux pour mieux respirer son odeur, le parfum de son déodorant mêlé à sa sueur masculine. Alanguie, je me laissais reposer dans ses bras. S’inquiétant que je ne sois en train de perdre connaissance, il m’ordonna d’ouvrir les yeux, je me perdis alors dans les siens. Il me rassura et resta prêt de moi jusqu’à ce que l’ambulance prenne le relai. Je n’ai aucune idée de ce qu’il disait, j’avais perdu la notion d’où j’étais. J’avais terriblement mal, mais en même temps j’étais étrangement bien.
M.B.