Cette autoroute de verdure s’amourachait des roches et des branchages qui la jalonnaient. Et soudainement, il n’y avait plus rien du tout, que l’eau et l’immensité, le son des vagues et la perte de mes repères sous un horizon de fougue qui devant moi éclatait de joie.
Elle était peut-être longue, la route. À la parcourir, on ne savait plus vraiment si on ne finirait pas par s’égarer, ou tourner en rond pour revoir les coins déjà traversés mille fois. Mais il fallait oublier la détresse qui nous avait pris, une fois déjà, et ne cesser d’avancer. La route finira bien par finir, m’avait-on déjà dit. Au bout du chemin, il y avait toujours l’eau, pour nous arrêter. On ne peut aller plus loin que la fin du continent sans se jeter dans la mer.
Mon rire explosait, je ne pouvais m’empêcher de courir comme une folle sur la plage, d’enlever mes souliers et de les lancer dans l’eau. Ils me reviendraient forcément par le mouvement des vagues, ou s’ils se perdaient, je ne garderais que le souvenir de ces godasses qui m’ont trimballées jusqu’ici, jour comme nuit, dans le supplice de mes muscles épuisés.
À travers le chemin sinueux que je parcourais dans ma vie depuis longtemps, un phare venait de s’allumer à l’horizon. Et je le regardais au loin, assise sur un rocher à la nuit tombée, le regard enflammé de cette lumière. La mer était encore plus belle de soir, et toi, mon phare, tu fracassais la nuit de ta lumière amoureuse. J’étais seule sur la plage, elle ne vibrait que pour moi.
Un emplacement de pierres indiquait maintenant la bonne direction. Quelle aventure pour trouver ces pierres de feux inconnues de ma rage et de mon supplice, pierres qui formaient maintenant un signe révélateur de ma nouvelle vie. La soif, l’envie et le bonheur qui me remplissaient les poumons d’une fougue nouvellement digeste me faisaient sentir la guerrière vainqueur de toutes mes forces et de ma vie.
Au bout de la route, j’avais trouvé ma place et maintenant, la mer m’appelait à m’y jeter de toutes mes forces.
Ce que je n’hésiterais pas à faire une seule seconde. Elle me plaisait, cette mer, et je lui vouais alors toute ma confiance.
M.G.-G.