Tu vérifies.
Il vérifie.
Je ne peux commencer ou terminer ma journée sans y faire un tour.
Tu ne peux t’empêcher de penser à lui lorsque tu vois une camionnette blanche.
Il fait tout deux fois consciemment.
Ma dépendance.
Ta crainte.
Son TOC.
Si je n’y vais pas une journée, j’ai l’impression d’être un peu oubliée.
Si tu quittes le travail, seule, tu te méfies de toute personne qui semble te suivre.
S’il oublie son portefeuille, ses clés, son téléphone, il ne dormira pas.
Quotidiennement, au minimum, je dois vérifier que j’existe.
À chaque tournant, au minimum, tu vérifies qu’il n’apparaitra pas par magie.
À chaque geste, il vérifie qu’il n’a pas commis d’erreur, d'oubli.
Je sais bien que c’est artificiel, voire superficiel.
Tu sais bien que c’est inutile, voire paranoïaque.
Il sait bien que c’est obsessif, voire inquiétant.
J’ai besoin d’être assurée que quelqu’un pense à moi.
Tu évites de penser à lui.
Il n’y pense même plus.
Je ris des autres, les croyant pires que moi.
Tu ris de ta peur, la croyant vaine.
Il rit.
Je suis jalouse de toi et de ton succès.
Tu envies le calme de ma vie.
Il cherche à te connaitre et collectionne tes regards.
Je guette ta popularité nourri d’amour impersonnel,
Tu fuis le monde virtuel depuis qu’il t’y a abordée,
Il te parle, même quand tu n’es pas là.
Je m’assure que je reste spéciale, même pour toi.
Tu cherches à être banal, surtout pour lui.
Il te cherche, toi, encore.
Je vérifie. Je revérifie. Je ne vis sans Wifi.
Tu vérifies. Tu revérifies. Tu te sens suivie.
Il vérifie. Il revérifie. Il t’aime à la folie.
M.B.