Un tremplin dans le vide, avec toi qui es juste à côté.
- T’es prête? T’as peur?
- Non, j’ai pas peur.
Je suis en haut d’une fenêtre grande ouverte sur la ville endormie, et je m’apprête à sauter.
C’était tes yeux sur moi, dans le métro, ton regard comme fou, mais plein de toi, de moi, qui m’a jeté dans le vide. Comme si ta voix me criait de plonger, de me pendre dans ce vide et d’avoir confiance qu’il allait me sauver. Comme si tu me mettais au défi de sauter. Comme si tu me le demandais vraiment.
J’ai pas peur. C’est que le vide peut effrayer celui qui s’y concentre trop, moi je n’ai fait que l’aspirer pour mieux le saisir. Je l’ai respiré de tous mes poumons pour ensuite m’en nourrir. Une corde à la taille, je ne touche pas le sol, mais m’y approche tellement, je pourrais le frôler du bout de mes doigts.
C’est que ces baisers sur la joue en se quittant, un peu trop proches et un peu trop doux pour n’être que ce qu’ils sont, ces baisers qui voulaient dire plus, m’ont laissée pensive, réservée. Sur ma faim. J’aurais voulu te retenir, mais tu es parti. Tu aurais peut-être voulu rester, mais je me suis éloignée.
Le vent m’étouffe, me crispe, cette sensation de ne plus m’appartenir.
J’ai envie que tu restes. Agrippe ma peau et consume-la. Consomme-moi. Je suis assise sur une bulle de vide, elle est conduite par toi. Je suis accrochée à ta joue, mon corps est ton esclave.
J’avance dans le labyrinthe des escaliers, marche d’une lenteur hypnotique.
Je suis comme un sous-marin qui peine de respirer, jusqu’à notre prochaine rencontre.
J’avance à petits pas, vers toi.
M.G.-G.