Tout le monde patauge dans le quotidien en courant de mille façons à droite, puis à gauche, les pieds dans les plats de l’existence, alors que le sofa accueille leurs fesses à l’arrivée du marathon, le soir, les lumières faibles et le cœur fatigué. Le sommeil qui les sépare du lendemain est sans cesse la torture qui les amène à l’échafaud de la ligne de départ, puis, déjà, on recommence. Moi seule m’arrête en plein milieu de la course en regardant au ciel, les étoiles en haut, on peut les voir même durant le jour.
Tout le monde préfère la belle à l’intellectuelle. L’intelligence et l’opinion qu’on dit tout haut sont mal vues, on préfère que tu te taises et que tu sois tranquille, on voudrait pas que ta blonde se mette à parler plus fort que toi, ça serait dommage, surtout que, dans le fond, tant qu’elle a de beaux yeux et des cheveux lisses, c’est bon. Moi seule, parfois, je rêve de quelqu’un avec qui me battre sans devoir justifier mes cheveux dans le vent pis mes bottes sales.
Tout le monde entend tout le monde, mais pas grand monde écoute et fait quelque chose.
Y’a des jours où j’ai l’impression que la terre est séparée entre tout le monde pis moi.
M.G.-G.