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Merde… je vais manquer de batterie. Il faut qu’il m’en reste au cas où les gars me texteraient après la job. J’aurais dû apporter mon chargeur… Bon, terminée la musique, je dois économiser mon cell. J’ai au moins quelques chansons en tête pour la soirée. Il me reste encore six stations… Ça va être long… J’aurais dû prendre un journal, ça passerait le temps plus vite. Oh, quelqu’un qui joue à CandyCrush! C’est encore la mode ce jeu-là? Je suis sûrement pas subtile, mais la petite madame fait comme si elle ne s’en rendait pas compte… Une fille par contre a remarqué mon manège et sourit dans sa barbe en regardant ailleurs. À moins qu’elle ne rit pour une autre raison?
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Pense à autre chose, mais surtout ne les regarde pas. J’ai toujours aimé écouter les anecdotes des passagers qui oublient où ils se trouvent. Les plus drôles, ce sont les enfants! Comme ils n’ont aucun filtre, ils en disent des bonnes qui ont le don de gêner leurs parents! Pauvres parents! Forcés de prendre le transport en commun à l’heure de pointe avec des gamins pas tenables. C’est dans ces cas-là que je me dis qu’une voiture sera un jour nécessaire!... En même temps, si j’ai choisi de vivre en ville, c’est entre autres pour ne pas avoir d’auto et être prise dans le trafic! En espérant qu’il n’y aura pas une panne comme ce matin…
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J’adore prendre le métro avec Papa. J’aime le nouveau train, il est beau, il sent bon et propre. Quand les portes s'ouvrent et se ferment, la lumière change comme dans un vaisseau spatial. Ce que je préfère c’est quand il y a moins de monde et qu’on peut marcher d’un wagon à l’autre. Papa ne me laisse jamais m’éloigner, mais un jour, je marcherais d’un bout à l’autre du train! Ça me rassure et ça m’inquiète que tous les wagons soient connectés… Je pourrais m’enfuir facilement s’il y avait un méchant, mais en même temps, où pourrais-je me cacher…? Oh! Un chien! Elle a un chien caché dans son sac!
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Tant d’odeurs! Des hommes, des femmes, des adultes surtout, mais quelques enfants aussi. Je ne vois pas grand-chose, la tête coincée hors de mon sac de transport. Je reconnais la voix de la maîtresse qui discute avec une humaine inconnue, probablement intriguée par ma présence. Eh oui, je suis une espèce spéciale, une race pure qui demande beaucoup de soins… Je reviens d’ailleurs du vétérinaire pour une visite de routine… J’ai des gênes rares, mais capricieux… Ohoh! Ça secoue là-haut. Ma maîtresse m’oblige à rentrer la tête dans ma niche de transport et nous descendons à la prochaine station. J’ai hâte de sortir de mon cocon... Comme tout le monde, j’ai hâte d’être à la maison.
M.B.