Je continue d’avancer avec la désagréable impression de faire du surplace. Je guette un croisement ou une porte ouverte qui m’amènerait dans une autre direction. Je commence à m’impatienter, je pars à courir. Mes pas résonnent dans le couloir. Je cours à en perdre haleine muée par le désespoir d’arriver à quelque part. Mes jambes faiblissent avant mon cardio, mais je persiste. En vain, fort probablement, mais faute de mieux! Je m’évade dans la douleur de mes cuisses, dans le poids de mes pieds, dans le goût de fer dans ma gorge asséchée. Ma vision périphérique se rétrécit avec la vitesse et sous l’effort. Juste à temps, je m’arrête avant de tomber dans une trappe ouverte dans le plancher. Pliée en deux, le souffle court, je jette un œil dans l’abîme. Un doux vent semble s’en échapper. Et si la sortie était au fond de ce noir? La solution est parfois précisément là où on ne la cherche pas : en dedans de soi. Je ferme les yeux. Qui a-t-il au fond de mon noir intérieur? La peur d’échouer, la solitude, le besoin de reconnaissance… Je fouille plus profond encore et comme dans la boîte de Pandore, j’y trouve l’espoir sous forme d’une lueur, d’une clarté sans forme : la confiance en soi.
J’ouvre les yeux. Je suis devant une énième porte miroir. Je mets le doigt sur sa gravure. Elle ne sert pas à l’identifier comme je l’avais d’abord cru : il s’agit de son talon d’Achille. J’appuie davantage, le symbole s’enfonce et le miroir se met à craquer. Mon visage reflété en plusieurs morceaux me souffle de continuer, malgré la crainte d’empirer la situation. Je n’ai rien à perdre. Je dois sortir de ce labyrinthe linéaire, statique. Je dois sortir de ma zone de confort... qui ne l’est plus.
M.B.