Je n’avais pas l’habitude de manger gras avant une épreuve… Je n’ai pas pensé en acceptant d’aller au barbecue de mon beau-frère que la tentation serait grande… J’avais passé l’après-midi entre la piscine et la terrasse, jasant avec le frère de ma blonde une bière à la main pendant que les filles se faisaient griller, jouant avec mes neveux lorsque j’avais envie de me dégourdir les jambes ou lorsqu’ils m’harcelaient trop. J’aime croire que je suis le tonton cool, d’accord, je suis le seul, mais pareil, alors j’ai accepté de faire une exception à la règle lorsque j’ai fini l’assiette de ma nièce aux goûts difficiles. Non mais! Avez-vous déjà vu un enfant qui n’aime pas les hot-dogs? D’accord, à sa défense, je l’avais garni pour elle et elle trouvait que ça goûtait trop la relish et la moutarde… Un hot-dog, me dis-je, une bouchée en moins qui plus est, ne pouvait donc pas me faire de mal! Un vrai bon hot-dog, avec un pain parfaitement grillé, une tranche de fromage à l’intérieur et une bonne saucisse de la charcuterie, rien à voir avec les hot-dogs flat des compétitions! Malheureusement, aussi bon était-il, ce hot-dog me refila le virus que ma nièce couvrait et je fus malade autant sinon qu’elle, l’alcool et la fatigue due à chaleur n’aidant pas.
En tant qu’ancien gars de party qui n’aime pas gaspiller, que ce soit de la boisson ou de la nourriture, j’avais l’habitude d’être malade. Je m’étais heureusement nettement amélioré en adoptant un mode de vie plus équilibré et en développant une meilleure confiance en moi. Il n’empêche qu’une semaine après ce barbecue, j’avais une compétition régionale. Je me sentais en pleine forme, un mental d’acier dans une mâchoire élastique, amenez-en que je me disais! Et à ceux qui se poserait la question, non, il ne faut pas nécessaire être gros ou avoir très faim pour engloutir une montagne de hot-dogs : il faut seulement une grande bouche!
Malheureusement, grande bouche ou non, j’ai dû quitter la table dès la première bouchée. Mon mental a flanché! Soudainement, je suis devenu allergique à la combinaison pain-saucisse-ketchup. Je jetai un coup d’œil derrière moi et pour la première fois je voyais en mes concurrents de pauvres types, parmi lesquels je faisais partie… Qu’est-ce qui pousse un homme à se goinfrer ainsi? Où est passé le plaisir que nous avions à manger? Se bourrer à en vomir nous remplissait-il vraiment de fierté? Pour qui faisions-nous cela? Certainement pas pour nous, c’était une torture! Pour le public? Qu’avait-il d’excitant à regarder ainsi des porcs s’empiffrer sans mastiquer? C’en était trop pour moi. Je quittais la compétition sans en connaitre l’issu… et j’en remercie l’appétit sélectif de ma nièce.
M.B.